Quelques petites histoires,
contes et pensées
à méditer...

livre ouvert

Savoir lire et écrire

Ne lis que ce que tu es sûr de bien comprendre.
Le danger n'est pas dans le mot imprimé, il est dans les pensées qui peuvent découler de ces mots. Il est ainsi aisé de créer une Forme-pensée que l'on ne peut dominer. Ne laisse jamais aucun livre fausser ton pouvoir de jugement et de discernement. Un livre n'est pas un maître qu'il faut suivre aveuglément et sans raison. Aucun Etre doué d'intelligence ne devrait être réduit en esclavage par un livre ou par les mots d'un autre homme. Un Etre qui n'est pas encore prêt à étudier un sujet peut se causer un tort considérable s'il lit un ouvrage sur ce même sujet et s'il essaye de s'élever au-dessus de son état intérieur en s'attachant aux paroles et aux œuvres d'autrui. En ce cas, étudier peut freiner plutôt qu'accélérer son évolution. Un livre ne parle jamais qu'à celui qui est disposé à l'entendre.

La rose et le papillon

Le rosier venait de renaître par ce clair matin de printemps. La sève, endormie pendant les tristes mois d’hiver, remontait joyeusement le long des jeunes pousses, gonflant les tendres feuilles et les boutons naissants.
Soudain le rosier tressaillit et hérissa ses épines : un être immonde, rampant sur le sol, venait de poser sur sa tige ses pattes répugnantes. Le rosier voulut s’en débarrasser et appela à son aide la brise légère qui caressait la cime des arbres. Il la pria de secouer ses branches pour faire tomber des jeunes feuilles l’insecte dégoûtant. Ce fut en vain. La brise fut aussi impuissante que les épines pointues qui défendaient les tiges. Le ver tenait bon, enserrant l’arbuste de ses pattes nombreuses ; il montait lentement le long des rameaux en évitant les pointes menaçantes. Il atteignit bientôt les tendres pousses et s’acharna à anéantir l’œuvre de la nature. Le rosier pleurait de sentir l’horrible chenille dévorer sa chair. Il pleurait de douleur, de chagrin, de dégoût.
Enfin un jour vint, où, fatigué et rassasié, le ver descendit dans un coin obscur et s’enveloppa d’un linceul de soie, emblème de la mort. Et alors le rosier, dans toute la plénitude de son bonheur, respira de tout son être meurtri mais enfin délivré, et s’empressa de réparer l’œuvre néfaste. Ce jour tant désiré arriva. Avec le premier rayon du soleil s’épanouit la première rose, toute ruisselante de rosée.
Tout à coup, dans l’ombre épaisse du feuillage, la rose aperçut, un être ravissant et léger, ressemblant à un sylphe.
Il était paré d’une robe éclatante et avait un air aimable et gracieux. Et la rose lui adressa son appel odorant et lui dit : « Viens à moi, ô bel inconnu, viens te reposer dans mon sein parfumé, viens goûter le nectar qu’avec amour j’ai préparé pour toi, viens mélanger aux miennes tes couleurs éclatantes et, unis l’un à l’autre, nous formerons un harmonieux accord ».
Tout palpitant d’émotion le svelte papillon se précipita, s’introduisit dans le sein de la fleur, se baigna dans l’arôme de son âme et but le nectar divin.
Et le papillon étincelant et glorieux s’envola pour porter le message à la fleur voisine. Il revint plus tard, mais il avait changé…ses couleurs s’étaient fanées et son vol paraissait plus lourd. Il se pencha sur la rose, mais sans toucher au nectar qu’elle lui offrait, sans paraître se délecter du parfum qu’elle dégageait.
« O, mon beau messager d’amour, que t’arrive-t-il ? Pourquoi cette tristesse et ce dégoût ? » Le papillon lui répondit : « Je suis triste parce que je vais mourir. Je ne verrai plus le beau soleil, je ne me griserai plus de ton parfum. J’ai rempli la mission que tu m’avais donnée, à ton tour viens à mon aide. Je vais mourir, mais je ne veux pas disparaître tout à fait. Je te confie l’essence de ma vie. Je dépose près de toi ce trésor ; l’endroit est sûr et tranquille et je pourrai y revenir… un jour…moi ou mon enfant ». Sa voix s’éteignit et ses ailes, plus légères que les pétales de la rose, retombèrent inertes… Et la rose toute angoissée, étreinte par le chagrin, lui répondit : « O, mon doux messager, tu trouveras un lieu sûr et tranquille ici, à l’ombre de mon feuillage, près de mes racines. Je te promets de garder ton trésor…Au revoir, à un autre beau jour…je t’attendrai ».
Et, avant de mourir, le joli papillon enterra ses œufs contre la racine du rosier.

Le papillon

Une fois, moi, Tchouang Tseu, je rêvais que j’étais un papillon voletant de-ci, de-là, butinant, satisfait de mon sort et ignorant mon état humain.
Brusquement je m’éveillais et me retrouvais, surpris d’être moi-même.
Mais à présent, je ne sais plus vraiment si je fus un homme rêvant d’être un papillon ou si je suis un papillon rêvant d’être un homme.
En vérité, entre le papillon et moi existe une différence : c’est ce qu’on appelle la mutation constante.

La chenille

La chenille passe la plus grande partie de son existence à regarder d’en bas les oiseaux voler, et s’indigne de son propre destin et de sa forme destinée à ramper.
Un jour, cependant, la Nature lui demande de tisser un cocon. La voilà effrayée : jamais elle n’a tissé de cocon. Croyant être en train de bâtir sa tombe, elle se prépare à mourir. « Au moment où je m’étais enfin habituée à ma condition, je dois m’enfermer dans mon cocon et attendre la fin ».
Quelques jours plus tard, elle constate qu’elle s’est transformée en un superbe papillon. Elle peut voler dans le ciel et les hommes l’admirent. Elle s’étonne du sens de la vie et de ses desseins.

Le scarabée et le mille-pattes

Un scarabée rencontra un jour un mille-pattes et lui demanda comment il faisait pour toujours lever au bon moment la 237ème patte et poser en même temps la 126ème sans jamais se tromper !
Le mille-pattes en fut lui-même étonné, se mit à réfléchir et puis… n’arriva plus à marcher.
Son centre profond qui orientait tout jusque-là avait glissé dans sa tête et de là, toute maîtrise est devenue impossible !

Le grillon

Un pauvre petit grillon
Caché dans l'herbe fleurie
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;
L'azur, la pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
je n'ai point de talent, encore moins de figure.
Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici-bas:
Autant je vaudrais ne pas exister.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d'enfants:
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper ;
L'insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d'efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh! oh! dit le grillon, je ne suis plus fâché;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons caché.

Le petit oiseau

maître spirituel avait plusieurs disciples et, tous les matins, il leur parlait de la nature, de la bonté, de la beauté et de l’amour.
Un matin, alors qu’il s’apprête à parler, un oiseau se pose sur le rebord de la fenêtre et commence à chanter.
Le maitre dit : « la causerie de ce matin est terminée ».

Le colibri

Un incendie dévore une forêt et un colibri, cet oiseau qui ne pèse que quelques grammes, fait des allers et retours incessants entre un lac et la forêt pour déposer une gouttelette d’eau dans le feu. Des rapaces le regardent passer et se moquent : « Tu penses vraiment éteindre l’incendie avec ta petite contribution ? » Et le colibri de répondre : « Peut-être pas, mais je fais ma part.»

Le perroquet

Pendant quatre ans une vieille dame avait possédé un perroquet et s’était efforcée longuement de lui apprendre à parler, mais en vain. Elle avait tout essayé : répéter sans fin de petites phrases, acheter des cloches, des miroirs, et la meilleure nourriture qui soit. Elle était arrivée au bout de ses ressources. De désespoir elle se tourne vers le perroquet et cria : « Pour l’amour de dieu, pourquoi ne veux-tu pas parler ? »
Le perroquet la regarda d’un œil luisant. » pour vous dire la vérité, dit-il soudainement, j’ai toujours senti que ce n’était pas une bonne chose d’aller partout répéter les choses qu’on entend. » Soyons au moins aussi sage que lui.

Deux coqs

Deux coqs se battirent violemment au point que l’un deux céda aux assauts du plus fort. Il alla se cacher dans son antre et laissa le vainqueur sur la place à parader et à montrer ses muscles, en chantant et en battant des ailes. Il grimpa sur le toit d’une maison et continua sa parade. A ce moment-là, un vautour passa par là et vit qu’il était beau et gras. Il lui fondit dessus et l’emporta dans ses serres.

La grenouille zen

S’il suffisait de rester assis en zazen
Pour devenir Bouddha,
Il y a longtemps que la grenouille
Doit être illuminée !

La grenouille bien au chaud !

Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Un feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager. La température continue à monter. L’eau est maintenant chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, ca la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est cette fois vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température continue à monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement mourir.
Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjecté aussitôt de la marmite. Cette expérience montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, Il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte.
Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décennies, nous subissons une lente dérive à laquelle nous nous habituons. Des tas de choses qui nous auraient horrifiées il y a quelques années ont été peu à peu banalisées et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent carrément indifférents la plupart des gens.

Les jeunes poissons

C’est l’histoire de deux jeunes poissons qui nagent et croisent le chemin d’un poisson plus âgé, qui leur fait signe de la tête et leur dit : « Salut les garçons. L’eau est bonne ? » Les deux jeunes poissons nagent encore un moment, puis l’un regarde l’autre et fait : « tu sais ce que c’est, toi, l’eau ? »

La puce

Un scientifique examine une puce posée près de lui. Il lui ordonne : « saute ! », et la puce saute. Le scientifique écrit sur une feuille de papier : « quand on dit à une puce de sauter, elle saute. »
Alors il saisit la puce et délicatement lui arrache les pattes. Il la repose à côté de lui et ordonne : « saute ! »
La puce ne bouge pas. Le scientifique note alors sur sa feuille de papier : « quand on arrache les pattes à une puce, elle devient sourde. »

Le pingouin

Un pingouin dit : « je suis en retard sur un truc à faire d’urgence !»
« Quoi ? » lui demande son alter égo
Et le pingouin de s’asseoir dans un fauteuil avec un livre et de lui répondre :
« Prendre mon temps ! »

L’âne

Un jour, l’âne d’un fermier tomba dans un puits. L’animal gémissait pitoyablement pendant des heures, et le fermier se demandait quoi faire. Finalement, il décida que l’animal était trop vieux et que le puits devait disparaître de toute façon, et qu’il n’était donc pas rentable de récupérer l’âne. Il invita tous ses voisins à venir et l’aider. Tous se saisissent d’une pelle et commencent à enterrer le puits.
Au début, l’âne réalisa ce qui se produisait et se mit à crier terriblement. Puis, au bout de quelques secondes, à la stupéfaction de chacun, il se tut. Quelques pelletées plus tard, le fermier regarda finalement dans le fond du puits fut très étonné de ce qu’il vit. Avec chaque pelletée de terre qui tombait sur lui, l’âne faisait quelque chose de stupéfiant. Il se secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus. Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter sur l’animal, il se secouait et montait dessus… Bientôt, à la grande surprise de chacun, l’âne sortit hors du puits et se mit à trotter !

La vache

Supposez qu’une vache s’égare dans le clos voisin pour brouter. Quelle est la meilleure méthode pour la maintenir dans l’étable ? Si on l’y attache de force, elle attendra le moment propice pour s’échapper. Si on l’attire dans l’étable avec de l’herbe savoureuse, elle en prendra une petite quantité le premier jour et attendra encore le moment opportun pour s’échapper. Le jour suivant, elle prendra une plus grande quantité et ainsi, de plus en plus chaque jour, jusqu’à ce qu’elle se détourne de ses mauvaises habitudes. Quand elle sera complètement libérée de celles-ci, elle pourra être laissée en liberté en toute sécurité ; elle n’ira plus brouter dans les pâturages du voisin. Il en est de même avec le Mental ; il est accoutumé à vagabonder sous la pression des prédispositions latentes du mental, par l’impression formée dans la passé qui détermine nos pensées et nos actions. Tant que ces tendances subsistent dans le mental, elles doivent en sortir et se consumer. Les pensées forment le Mental. En recherchant ce qu’est le Mental, les pensées reculent et le chercheur saura qu’elles proviennent du Soi. Si on réalise que les pensées s’élèvent du Soi et si on demeure dans leur source, le Mental disparaît. Quand le Mental cesse d’exister et que la félicité de la paix est réalisée, on trouve aussi difficile de concevoir une pensée qu’il était naguère difficile d’en supprimer. Dans cet exemple, la vache est le Mental vagabond ; les pâturages du voisin sont les pensées ; l’étable est notre propre être primordial, libre de toute pensée.

Le chien

Un jour, le chien part à la chasse aux papillons, et s’aperçoit qu’il s’est perdu.
Errant au hasard en tentant de retrouver son chemin, il voit un léopard courir vers lui avec l'intention visible de faire un bon repas.
Remarquant les quelques os d'une carcasse qui traîne sur le sol à proximité, le vieux chien se met aussitôt à mâcher les os, tournant le dos au léopard qui approche.
Quand celui-ci est sur le point de lui sauter dessus, le vieux chien s'exclame haut et fort :
"Ouais, ce léopard était vraiment excellent ! Je me demande s'il y en a d'autres par ici ?"
En entendant cela, le jeune léopard interrompt son attaque en plein élan, il regarde le chien avec effroi, et s'enfuit en rampant sous les fourrés.
"Ouf !", soupire le léopard, "c'était tout juste. Ce vieux chien a failli m'avoir !" Cependant, un singe, qui avait observé toute la scène d'une branche d'arbre à proximité, se dit qu'il pourrait mettre à profit ce qu'il sait en négociant avec le léopard et obtenir ainsi sa protection. Il part donc le rattraper, mais le vieux chien, le voyant courir à toute vitesse après le léopard, réalise que quelque chose doit se tramer. Le singe rattrape le léopard, lui dévoile le pot aux roses, et lui propose un marché.
Le jeune léopard est furieux d'avoir été trompé :
"Viens ici le singe, monte sur mon dos, et tu vas voir ce qui va arriver à ce petit malin !"
Le vieux chien voit le léopard accourir avec le singe sur son dos et s'inquiète :
"Que vais-je faire maintenant ?"
Mais au lieu de s'enfuir, le chien s'assied dos à ses agresseurs, faisant semblant une fois de plus de ne pas les avoir vus, et juste au moment où ils arrivent à portée de voix, il s'exclame :
"Où est donc ce foutu singe ? ca fait une heure que je l'ai envoyé me chercher un autre léopard !"

Le singe et la noix de coco

En Asie du Sud-Est on a coutume de piéger les signes en mettant dans une noix de coco évidée ou un panier ayant une petite ouverture, une banane, une orange ou une autre friandise dont les signes raffolent. L’ensemble est solidement arrimé au sol ou dans l’arbre. Le signe y introduit sa main pour attraper ce qui est à l’intérieur mais ne peut plus la retirer une fois fermée ave son contenu du fait de l’étroitesse de l’ouverture. Ne voulant pas lâcher ce qu’il a saisi il reste prisonnier et se fait attraper. Après avoir réfléchi à ce qui est grave et à ce qui est important, posez-vous la question de savoir à quoi vous restez agrippé. Qu’elle est votre banane, votre orange ou votre friandise qui vous rend prisonnier et vous empêche de bouger.

Le Maître et le scorpion

Un maître de l'Orient vit un scorpion se noyer et décida de le tirer de l'eau. Mais lorsqu'il le fit, le scorpion le piqua.
Sous l'effet de la douleur, le maître lâcha l'animal qui de nouveau tomba à l'eau. Le maître tenta de le tirer à nouveau et l'animal le piqua encore.
Quelqu’un qui était en train de l'observer se rapprocha du maître et lui dit :
- Excusez-moi, mais vous êtes têtu ! Ne comprenez-vous pas qu'à chaque fois que vous tenterez de le tirer de l'eau, il vous piquera ? Le maître répondit :
- La nature du scorpion est de piquer et cela ne va pas changer la mienne qui est d'aider. Alors, à l'aide d'une feuille, le maître tira le scorpion de l'eau et sauva sa vie et continua: - Ne change pas ta nature. Si quelqu'un te fait du mal, prends juste des précautions. Les uns poursuivent le bonheur, les autres le créent. Quand la vie te présente mille raisons de pleurer, montre-lui que tu as mille raisons pour sourire. Préoccupe-toi plus de ta conscience que de ta réputation, car ta conscience est ce que tu es et ta réputation c’est ce que les autres pensent de toi...

La roche

Il était une fois une Roche pleine d’innombrables atomes, protons, neutrons et particules de matière subatomiques. Ces particules circulaient continuellement, allant d’ici à là en prenant le temps », mais si rapidement que la Roche même semblait ne pas bouger du tout. Elle se contentait d’être. Elle était posée là, buvant le soleil, s’imbibant de la pluie, sans bouger. « Qu’est-ce qui bouge à l’intérieur de moi ? demanda la Roche. « C’est toi », dit une voix lointaine.
« Moi ? » s’exclama la Roche. Mais c’est impossible. Je ne bouge pas du tout. Tout le monde peut le constater » « Oui, de loin » admit la voix. « De loin, d’ici, tu parais vraiment solide, fixe, immobile. Mais quand je me rapproche, quand je regarde très attentivement ce qui se passe réellement, je vois que tout ce qui comprend ce que tu es, bouge. Cela bouge à une vitesse incroyable, dans le temps et l’espace, en une structure particulière qui te crée sous la forme de cette chose appelée « Roche ». Alors tu parais magique ! Tu bouges et tu es immobile en même temps » « Mais, où est l’illusion ? » demanda la Roche. « L’unité, l’immobilité de la Roche, ou la séparation et le mouvement de ses parties ? »

L’eau de Vie

L’eau ne s’oppose à personne,
Et ainsi, nul ne peut l’affronter.
L’eau cède au couteau sans qu’il puisse la déchirer ;
Elle est invulnérable car elle ne résiste pas.

La rivière

Imaginons nos pensées et nos émotions comme une rivière continue s’écoulant à l’infini, à écouter ses glouglous, ses gargouillements et ses tourbillons sans fin, ses voix, ses images et ses histoires plutôt que de nous laisser happer par ses flots et emporter par son courant. Nous pouvons nous asseoir sur la berge de notre propre lux mental et, en prêtant l’oreille, apprendre à le connaître.
L’esprit en cascade s’écoule au-dessus d’une falaise élevée, provoquant une énorme chute. Une caverne derrière le rideau d’eau et d’embruns, à l’intérieur de laquelle nous pouvons asseoir, observer et écouter le flux de pensées et d’émotions, en percevant au certaines d’entre elles comme des gouttelettes individuelles, comme de discrets événements au sein de la chaotique complexité de l’eau qui tombe, des événements individuels que nous pouvons voir, percevoir et connaître sans pour autant tomber dans le torrent et être emportés, sans même être mouillés par les embruns.

L’homme-éléphant

Afin de dresser un jeune éléphant, le dompteur attache à l’animal une patte à un tronc d’arbre très solide. Malgré tous ses efforts l’éléphanteau n’arrive pas à se libérer. Peu à peu, il s’habitue à l’idée que le tronc est plus fort que lui. Une fois qu’il est devenu un adulte doté d’une force colossale, il suffit de lui passer une corde au pied et de l’attacher à un jeune arbre. Il ne cherchera même pas à se libérer. Comme ceux des éléphants, nos pieds sont entravés par des liens fragiles. Mais comme nous avons été accoutumés dès l’enfance à la puissance du tronc d’arbre, nous n’osons pas lutter. Sans savoir qu’il nous suffirait d’un geste de courage pour découvrir toute notre liberté.

La parabole de l’éléphant

Un jour, un roi réunit des aveugles de naissance et leur dit : « connaissez-vous les éléphants ? »Ils répondirent : « Ô grand roi, nous ne les connaissons pas, nous ne savons pas de quoi il s’agit ». Le roi leur dit encore : »désire-vous connaître leur forme ? ». Les aveugles répondent encore en chœur : »nous désirons la connaître ». Aussitôt, le ri ordonne a ses serviteurs d’amener un éléphant et mande aux aveugles de toucher l’animal. Parmi ceux-ci, certains, en tâtant l’éléphant, touchent la trompe et le roi leur dit : « Ceci est l’éléphant ». Les autres saisissent soit une oreille, soit les défenses, soit la tête, soit le flanc, soit la cuisse, soit la queue. A tous, le roi dit : « Ceci est l‘éléphant ». puis le roi demande aux aveugles : « De quelle nature est l’éléphant ? » L’aveugle qui a touché la trompe dit : « L’éléphant est semblable une grosse liane ». Celui qui a touché l’oreille dit : « L’éléphant est semblable à une feuille de bananier ». Celui qui a touché une défense dit : « L’éléphant est semblable à un pilon ». Celui qui a touché la tête dit : « L’éléphant est semblable à un chaudron ». Celui qui a touché le flanc dit : « l’éléphant est semblable à un mur ». Celui qui a touché la cuisse dit : « L’éléphant est semblable à un arbre ». Celui qui a touché la queue dit : « L’éléphant est semblable à une corde ». Ils s’accusent tous mutuellement d’avoir tort et leur discussion s’envenime le roi ne peut s’empêcher de rire, puis il prononce cette parole : « Le corps de l’éléphant est unique, ce sont les perceptions divergentes de chacune de ses parties qui ont produit ces erreurs ». Il en va de même pour les tenants des différentes doctrines religieuses. Chacun parle de Dieu, du divin ou de l’absolu selon la perception limitée qu’il a. Et aucune religion ne peut prétendre posséder la totalité de la Vérité. Celle-ci s’est comme éclatée en morceaux en se manifestant dans le monde.

L’homme et l’âne

Lorsqu’on fait tourner un âne pour mouvoir la meule d’un moulin, il parcourt des kilomètres ; pourtant, quand vient l’heure de le détacher, l’âne est toujours au même endroit que le matin. Ainsi y a-t-il des hommes qui marchent beaucoup mais n’avancent jamais. Lorsque leur soir arrive, ils n’ont rien vu, rien de ce que leurs semblables ont fait où ce que la Vie leur a apporté. En vérité, ces hommes sont aveugles et malheureux. Ils ont souffert toute leur vie car ce ne sont pas leurs yeux qui n’ont pas vu mais leur cœur qui ne regardaient rien.

Le lion

Un missionnaire marche dans la savane et se trouve soudain face à un lion rugissant. Le prêtre supplie Dieu de lui venir en aide :
« Seigneur inspirez des sentiments chrétiens à ce fauve ! »
Aussitôt un miracle se produit. Le Lion arrête sa course, se met à genoux et prie :
« Mon Dieu, bénissez ce repas. Amen »

Que vois-tu ?

Sur les bords du fleuve, deux huttes en branchages étaient établies. Le fleuve les séparait. Dans l’une vivait une sainte, dans l’autre enseignait un ascète. Ils avaient convenu que la femme se baignerait au lever du jour et l’homme au coucher du soleil. Aucun, au cours des ans, n’avait jamais failli à cet engagement de retraite.
Or voici qu’un matin la sainte, méditant, glissa en telle extase que le temps s’évanouit. Revenant enfin à ce monde, elle constata que la lumière était toujours celle du matin et partît vers le fleuve pour accomplir ses ablutions. S’étant plongé dans le courant, ayant répandu ses cheveux pour les laver, elle vit arriver l’ascète sur la berge opposée. Le jour avait passé sans qu’elle s’en aperçoive. Afin de ne pas rompre sa promesse, elle sortit de l’eau et allait partir lorsqu’elle entendit l’ascète grommeler derrière elle : « Mère, n’avez-vous pas honte ? »
Elle fît volte-face. Son sârî ruisselant moulait un corps fatigué par les ans. Elle répondit, tranquille et droit :
« Honte, moi ? Non. Si tu attends la honte, c’est que tu la connais. Elle est en toi »
« Mère, pourquoi m’accusez-vous ? »
« Que vois-tu ? »
« Un corps de femme où collent des cotonnades »
« Fumée des apparences. Regarde ! En vérité seule est l’Unité, ni mâle ni femelle »
Elle disparut soudain, ne laissant sur la berge que deux flaques d’eau grise, là où des pieds nus s’étaient posés.
Il resta un moment interdit, puis décida de quitter sa hutte et ses illusions. Il approcha la cabane de la sainte pour tenter d’étudier auprès d’elle. Nul ne répondit à son appel. Les paysans du village lui apprirent que personne n’avait jamais habité la hutte qu’il désignait. Ils le regardaient bizarrement, se reculaient.
Il partit s’installer loin de là, au bord du Gange. Il y médita seul et sincèrement, ne cherchant aucun savoir, aucune gloire mais la seule Vérité.
Au fil du temps, les villageois voisins prirent en affection sa simplicité. Aussi lorsque après des pluies diluviennes le fleuve grossit et qu’ils craignirent une inondation, ils vinrent le prévenir, le priant de quitter sa hutte au bord de eaux pour l’une ou l’autre maison du village, le temps que le fleuve s’apaise. « Ne craignez rien, répondit-il totalement confiant, je vais prier le Seigneur, il me protégera » Il resta là, ne changeant rien à ses habitudes. L’eau continuant à monter arriva juste devant la hutte. Les villageois accoururent encore pour le conseiller de partir de ces lieux. « Cessez donc de vous inquiéter, le Seigneur n’abandonne pas ses enfants, sachez-le ! » répondit-il. A chaque montée des eaux, l’homme refusa toute aide humaine jusqu’au moment où l’eau submergea sa bouche et ses narines. La maison s’effondra sous lui.
Quand il sortit du tunnel de la mort, au seuil de l’autre monde, il se trouva devant le dieu Vishnou lui-même.
« Ah, s’insurgea-t-il, je t’ai prié, tu m’as répondu que tu arrivais, et me voici, mort. Est-ce ainsi que tu protèges ? Pourquoi m’as-tu trompé ? »
« Je suis venu plusieurs fois »
« Mensonge ! je ne t’ai vu ni entendu ! »
« Ces gens qui t’ont offert l’abri de leur maison, ces barques et ce batelier que tu as refusé d’entendre, qui donc était-ce, sinon moi ? Trois fois je t’ai tendu la main ; toi, tu l’as refusée ! » L’ascète demeura muet. Son esprit revit en un éclair la Sainte, les villageois, le fleuve enflé, le dieu Vischnou, ombres dansantes au fond de sa mémoire. Ses illusions se dissipèrent comme fumées dans l’air du soir.
On dit qu’au bord du fleuve un sage se baigne au soir, et que seuls le distinguent des brumes les êtres en chemin vers l’Absolu. A ceux-là, il parle. Il demande : « Que vois-tu ? »

Le supplice de la goutte d’eau

Un moine qui a survécu sans aucun problème au terrible supplice de la goutte d’eau a expliqué que, pour lui, chaque goutte d’eau n’était ni la première ni la dernière ni même l’une d’une suite de gouttes, mais qu’elle était la seule goutte. Concentré sur le présent, son esprit considérait que chaque goutte était unique dans l’instant. De la même façon, dans l’instant présent, il n’existe aucun son précédent ni suivant.

La Force

Les trois complices entendaient une bête hurlant à la mort...
Le jeune Doya secoua de gauche à droite la tête et s’approcha d’un bouleau encore éclairé.
Il positionna ses deux Dapawan de chaque coté de l’arbre puis murmura :
Quelle couleur de cet arbre voyez-vous ?
L’un dit noir et l’autre dit blanc, mais arguèrent de l’éclairage et de leur positionnement
Doya dit : pourtant de ces deux couleurs composé il est...
La nuit tombait mais il poursuivit en demandant :
Où le centre des mondes se situe ?
L’un des Dapawan dit qu’il se pourrait être dans la Galaxie x105, tandis que l’autre répondit qu’il était en lui.
Doya dit : Exact, mais dans la Force et partout il est.
La nuit laissait entrevoir le ciel, et le Jeune Doya en profita : D’étoiles combien voyez vous ?
Les deux Dapawan irrités ne savaient que dire...
Doya poursuivit : Le temps que tu les comptes leur nombre change
Les deux Dapawan malicieux demandèrent où est la Vérité ?
Doya dit : Comme une Comète la Vérité peut être; un instant chacun de sa place peut la voir et s’émerveiller, mais ailleurs déjà n’est elle pas ?

Le drap blanc

Un thérapeute du désert sur une grande pièce de drap blanc dessine un point noir, minuscule mais suffisamment visible ; il demande à ses disciples : « que voyez-vous ? » Tous répondent à l’unanimité : « un point noir » Le vieillard s’étonne : « comment est-ce possible que tous n’aient vu qu’un point noir, plutôt qu’un drap blanc ? ou un drap blanc avec un point noir ? » La plupart du temps nous sommes sensibles au point noir, à nos pensées, à nos représentations, nous sommes sensibles aux « taches » et, parmi elles, la première tâche, la première pensée, « la tache originelle », mais nous ne sommes plus attentifs au drap blanc, c’est-à-dire à la grâce originelle, au Silence originel.

Le radeau

La religion est semblable à un radeau qui est fait pour traverser un fleuve, mais auquel il ne faut pas s'attacher.
Cependant, si tu dois faire malgré tout, confiance entre l'individu et l’enseignement spirituel, fais confiance à ce dernier.

Prahlâda

Vishnou rêve. Il crée les mondes et dans un monde, il engendre Prahlâda, mais dans ce rêve Prahlâda arrête les mondes. Alors Vishnou réveille Prahlâda pour se réveiller lui-même et poursuivre son « rêve ». Vishnou éveille Prahlâda de l’Eveil en lui racontant une histoire et c’est ainsi qu’il poursuit son rêve. Les hommes ont créé un état de conscience qui n’est ni celle de la veille, ni celle du rêve, mais entre les deux et à la fois l’une et l’autre : la fable, la légende, le mythe, le conte, le roman, une autre façon de vivre dans le monde, et qui permet de partager un rêve, qui est raconté par un autre, et dans laquelle on entre et on sort comme dans un rêve aussi, et où tout est vrai d’une certaine façon illusoire, comme la vie éveillée.

Miroirs

Un homme très imbu de lui-même fit recouvrir de miroirs tous les murs et le plafond de sa plus belle chambre. Souvent il s’enfermait là, contemplait son image, s’admirait en détail. Il s’en trouvait tout ragaillardi, prêt à affronter le monde.
Un matin il quitta la pièce sans refermer la porte. Son chien y pénétra. Voyant d’autres chiens il les renifla : comme ils le reniflaient, il grogna ; comme ils grognaient, il aboya et se rua sur eux. Ce fut un combat épouvantable ; les batailles contre soi-même sont les plus féroces qui soient ! Le chien mourut, exténué.
Un ascète passait par là tandis que le maître du chien, désolé, faisait murer la porte de la pièce aux miroirs.
« Ce lieu peut beaucoup vous apprendre, lui dit-il, laissez-le ouvert »
« Que voulez-vous dire ? »
« Le monde est aussi neutre que vos miroirs. Selon que nous sommes admiratifs ou anxieux, il nous renvoie ce que nous lui donnons. Soyez heureux, le monde l’est ; Soyez inquiets, il l’est aussi. Nous y combattons sans cesse nos reflets et nous mourons dans l’affrontement. Que ces miroirs vous aident à comprendre ceci : dans chaque être et chaque instant, heureux, facile ou difficile, nous ne voyons ni les gens ni le monde, mais notre seule image. Voyez cela et toute peur, tout refus, tout combat vous abandonneront »

Injures

Le Bouddha enseignait partout où il passait. Or un jour qu’il parlait sur une place de village, un homme vint l’écouter parmi la foule. L’auditeur se mit bientôt à bouillir d’envie et de rage. La sainteté du Bouddha l’exaspérait. N’y pouvant plus tenir, il hurla des insultes. Le Bouddha demeura impassible. L’homme fulminant quitta la place.
Comme il avançait le long des rizières à larges enjambées, sa colère s’apaisait. En lui monta la conscience que sa colère était née de la jalousie et qu’il avait insulté un sage. Il rebroussa chemin, décidé à présenter des excuses au Bouddha.
Lorsqu’il arriva sur la place et qu’il fut suffisamment près, il se prosterna, suppliant le Bouddha de lui pardonner la violence de ses propos et l’indécence de sa pensée. Le Bouddha, plein de compassion, vint le relever.
« Je n’ai rien à te pardonner, je n’ai reçu ni violence ni indécence »
« J’ai pourtant proféré des injures et des grossièretés graves »
« Que fais-tu si quelqu’un te tend un objet dont tu n’as pas l’usage ou que tu ne souhaites pas saisir ? »
« Je ne tends pas la main, je ne le prends pas, bien sûr »
« Que fait le donateur ? »
« Ma foi, que peut-il faire ? Il garde son objet »
« C’est sans doute pourquoi tu sembles souffrir des injures et des grossièretés que tu as proférées. Quant à moi, rassures-toi, je n’ai pas été accablé. Cette violence que tu donnais, il n’y avait personne pour la prendre »

Le cimetière

Un homme vient trouver un Ancien et lui demande comment être vraiment libre. « Va dans le cimetière, lui dit le sage, et insulte les morts. » L’homme pénètre dans le cimetière, injurie les morts et crache sur leur tombe. Puis il retourne auprès de l’ancien qui lui demande : « Est-ce que les morts t’ont dit quelque choses ?
- Non.
- Retourne dans le cimetière et chante leurs louanges. »
L’homme s’exécute puis revient auprès du sage qui lui dit : « Est-ce que les morts t’ont dit quelque chose ?
- Non
- Eh bien, voici mon conseil : pour être libre, passe comme un mort entre le mépris et la louange. »

La vieille femme

Baba Yaga est une vieille femme sauvage au visage de sorcière. Elle connaît tout et vit au plus profond de la forêt, faisant bouillir son chaudron. Lorsque nous partons à sa recherche, nous sommes effrayées car elle nous oblige à avancer dans le noir, à poser des questions dangereuses et à sortir du monde de la logique et du confort.
Le premier à venir la trouver est un jeune homme. Il frappe en tremblant à la porte de la cabane. Baba Yaga lui demande : « viens-tu de ton propre choix ou es-tu envoyé par quelqu’un ? » Le jeune homme, encouragé dans sa quête par sa famille, répond : »je suis envoyé par mon père » Baba Yaga le jette alors prestement dans son chaudron pour le faire cuire. La prochaine à tenter sa chance est une jeune femme ; elle voit le feu qui couve et entend les ricanements de Baba Yaga. Baba Yaga demande à nouveau : « viens-tu de ton propre choix ou es-tu envoyé par quelqu’un ? » La jeune femme qui toute seule avait été attirée dans les bois pour voir ce qu’elle pouvait y trouver répond : »je suis ici de mon propre choix » Baba Yaga la précipite dans le chaudron et la fait cuire aussi.
Plus tard, un troisième visiteur arrive, encore une jeune femme. Elle est profondément troublée par le monde et se présente devant la hutte de Baba Yaga au cœur de la forêt. Elle aussi voit la fumée et sait qu’il y a grand danger. Baba Yaga lui fait face : « viens-tu de ton propre choix ou es-tu envoyé par quelqu’un ? » Et la jeune femme de répondre sincèrement : « je viens en grande partie de ma propre initiative, mais en grande partie aussi à cause des autres. Je suis venue aussi en grande partie parce que vous étiez ici, parce qu’il y a la forêt et pour une autre raison que j’ai oubliée. Mais en grande partie je ne sais pas pourquoi je suis venue » Baba Yaga la regarde alors pendant un moment et dit : « Ca va » et elle l’invite à entrer dans sa hutte.

Le vieil homme

Un vieil homme est assis à l’entrée d’une ville. Un étranger s’approche et lui demande : « je ne suis jamais venu dans cette cité ; comment sont les gens qui vivent ici ? »
Le vieil homme lui répond par une question : « comment étaient les habitants de la ville d’où tu viens, -Egoïstes et méchants. C’est la raison pour laquelle je suis parti », dit l’étranger.
Le vieil homme répond : « tu trouveras les mêmes ici . »
Un peu plus tard, un autre étranger s’approche et demande au vieil homme : « je viens d’arriver ; dis-moi comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? »
Le vieil homme répond : « Dis-moi, mon ami, comment étaient les gens dans la cité d’où tu viens ? -Ils étaient bons et accueillants ; j’y avais de nombreux amis. J’ai eu de la peine à les quitter. -Tu trouveras les mêmes ici », répond le vieil homme.
Comment le vieillard peut-il donner deux réponses opposées à la même question ? Parce que chacun porte son univers en lui.
Le regard que nous portons sur le monde n’est pas le monde lui-même, mais le monde tel que nous le percevons à travers le prisme de notre sensibilité, de nos émotions, de notre esprit, de notre culture.

Le mendiant

Un mendiant était assis sur le bord d’un chemin depuis plus de trente ans. Un jour, un étranger passa devant lui. « Vous avez quelques pièces de monnaie pour moi ? » marmonna le mendiant en tendant son chapeau d’un geste automatique. « je n’ai rien à vous donner », répondit l’étranger, qui lui demanda par la suite : « Sur quoi êtes-vous assis ? » « Sur rien, répondit le mendiant, juste une vieille caisse. Elle me sert de siège depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir. » « Avez-vous jamais regardé ce qu’il y avait dedans ? » demanda l’étranger. « Non, répliqua le mendiant, pour quelle raison ? Il n’y a rien. » « Jetez-y donc un coup d’œil », insista l’étranger. Le mendiant réussit à ouvrir le couvercle en le forçant. Avec étonnement, incrédulité et le cœur rempli d’allégresse, il constata que la caisse était pleine d’or.
Ainsi ceux qui non pas trouvé leur véritable richesse intérieur, même s’ils sont très riches sur le plan matériel, ils se tournent vers l’extérieur pour récolter quelques miettes de plaisir et de satisfaction, pour se sentir confirmés, sécurisés ou aimés, alors qu’ils abritent en eux un trésor qui non seulement recèle toutes ces choses, mais qui est aussi infiniment plus grandiose que n’importe quoi que le monde puisse leur offrir.

Le guerrier

Un vieux sage est assis sur le bord de la route, les yeux fermés, les jambes croisés, les mains sur les genoux. Soudain, sa méditation est interrompue par la voix puissante et agressive d’un guerrier. » Vieil homme ! Dis-moi à quoi ressemblent le paradis et l’enfer. » Le sage ne manifeste d’abord aucune réaction. Puis, peu à peu, il ouvre les yeux et esquisse un sourire, face au guerrier planté devant lui, de plus en plus impatient et agité. « Tu désires connaître les secrets du paradis et de l’enfer ? Toi, avec ton allure misérable, avec tes bottes et tes vêtements boueux ? Avec tes cheveux hirsutes, ton haleine fétide, ton épée rouillée ? Toi qui es si laid, tu oses me demander de te parler du paradis et de l’enfer ? » Ivre de colère, le guerrier jure méchamment, sort son épée et la lève au-dessus de la tête du vieil homme. Son visage est cramoisi, les veines de son cou sont gonflées par la haine, alors qu’il s’apprête à trancher la tête du sage.
« Cela, c’est l’enfer », lui dit doucement le vieil homme. Le guerrier arrête net son geste et reste bouche bée de stupéfaction, de respect, de compassion, devant cet homme qui a risqué sa vie pour lui prodiguer cet enseignement. Ses yeux s’emplissent de larmes d’amour et de gratitude. « Et cela, c’est le paradis ! », conclut le sage. »

L’école du combat sans arme

Le Maître traversait le lac sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maîtrise du sabre. Tous les voyageurs l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? pas vraiment, car un homme restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde impressionné. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de l’homme pour lui dire : « Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot » ?
L’homme répondit calmement :
« je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu »
Le samouraï se gratta le crâne et demanda :
« Mais alors, quelle est ton école ? »
« C’est l’école du combat sans arme »
« Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ? »
« Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi » Exaspéré, le samouraï continua :
« Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi, sans sabre ? »
« Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne ! »
Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais l’homme sage suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne opas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat.
L’homme sage enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.
L’homme se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria : « Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme ! ».

Avoir le temps

Un étudiant se plaignit à son Maître de ne pas avoir le temps de méditer, vu sa vie très active. Le Maître lui dit en riant : « As-tu le temps de respirer ? Si tu es déterminé, tu dois simplement prêter attention. C’est notre pratique, où que nous soyons, quoi qu’il arrive : respirer, être totalement présent, voir ce qui est vrai »

Aller plus vite

Un indien colombien de la Sierra Madre en visite en France, fut surpris par les tunnels empruntés par la route et demanda:
« Pourquoi creusez-vous des trous dans la montagne ? »
« Pour aller plus vite » répondit le guide
Silence de quelques minutes
Et l’indien répondit :
« Pour aller où plus vite ? »

Les cailloux

Un jour, un vieux professeur fut engagé pour donner une formation sur la planification efficace de son temps à un groupe d'une quinzaine de dirigeants de grosses compagnies.
Ce cours constituait l'un des 5 ateliers de leur journée de formation. Le vieux prof n'avait donc qu'une heure pour "faire passer sa matière".
Debout, devant ce groupe d'élite (qui était prêt à noter tout ce que l'expert allait lui enseigner), le vieux prof les regarda un par un, lentement, puis leur dit : "Nous allons réaliser une expérience".
De dessous la table qui le séparait de ses élèves, le vieux prof sortit un immense pot de verre de plus de 4 litres qu'il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine de cailloux à peu près gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot fut rempli jusqu'au bord et qu'il fut impossible d'y ajouter un caillou de plus, il leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda :
"Est-ce que ce pot est plein ?".
Tous répondirent : "Oui".
Il attendit quelques secondes et ajouta : "Vraiment ?".
Alors, il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de gravier. Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de gravier s'infiltrèrent entre les cailloux... jusqu'au fond du pot.
Le vieux prof leva à nouveau les yeux vers son auditoire et réitéra sa question :
"Est-ce que ce pot est plein ?". Cette fois, ses brillants élèves commençaient à comprendre son manège.
L'un d'eux répondît : "Probablement pas !".
"Bien !" répondît le vieux prof.
Il se pencha de nouveau et cette fois, sortit de sous la table un sac de sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot.
Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier. Encore une fois, il redemanda :
"Est-ce que ce pot est plein ?".
Cette fois, sans hésiter et en choeur, les brillants élèves répondirent :
"Non !".
"Bien !" répondit le vieux prof.
Et comme s'y attendaient ses prestigieux élèves, il prit le pichet d'eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu'à ras bord. Le vieux prof leva alors les yeux vers son groupe et demanda : "Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ?"
Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondit : "Cela démontre que même lorsque l'on croit que notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire".
"Non" répondît le vieux prof. "Ce n'est pas cela. La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante :
"Si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous, ensuite".
Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l'évidence de ces propos.
Le vieux prof leur dit alors : "Quels sont les gros cailloux dans votre vie ?"
"Votre santé ?"
"Votre famille ?"
"Vos ami(e)s ?"
"Réaliser vos rêves ?"
"Faire ce que vous aimez ?"
"Apprendre ?"
"Défendre une cause ?"
"Vous relaxer ?"
"Prendre le temps... ?"
"Ou... tout autre chose ?"
"Ce qu'il faut retenir, c'est l'importance de mettre ses GROS CAILLOUX en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas réussir... sa vie. Si on donne priorité aux peccadilles (le gravier, le sable), on remplira sa vie de peccadilles et on n'aura plus suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments importants de sa vie.
Alors, n'oubliez pas de vous poser à vous-même la question :
"Quels sont les GROS CAILLOUX dans ma vie ?"
Ensuite, mettez-les en premier dans votre pot (vie)
D'un geste amical de la main, le vieux professeur salua son auditoire et quitta lentement la salle.

Le drapeau flottant

A la vue d’un drapeau au vent, le disciple posa la question suivante : « Est-ce le drapeau qui bouge ou le vent ? » Le Maître répondit : « Ni l’un ni l’autre. C’est l’Esprit qui bouge »

Chez soi

Une délégation officielle d’un temple situé dans une vallée décida de rendre visite à un ermite dans les montagnes et de lui demander conseil. Lorsqu’ils arrivèrent à sa cabane sans s’être annoncés, ils furent scandalisés de le trouver complètement nu. « comment pouvez-vous être là, à méditer sans aucun vêtement ? » demandèrent-ils. « Le monde entier est ma cabane » répliqua-t-il. « Cette petite chambre est mon vêtement. J’aimerais savoir ce que vous faites dans mes vêtements ? »

Le chasseur

Si un chasseur, blessé par une flèche empoisonnée, exige, avant d’être soigné, de connaître le nom et la caste de l’archer, ainsi que le bois dont était faite la flèche, il mourra avant d’être soigné. Peu importe que l’univers soit permanent ou impermanent ; le Bouddha enseigne comment se délivrer de la vieillesse, de la maladie, de la mort, de la même manière que, pour sauver ce chasseur, il importe d’abord de retirer la flèche, de trouver la nature du poison et son antidote, puis de refermer la plaie. Perdre son temps à spéculer n’est d’aucune utilité pour qui veut être sauvé.

L’esprit

Un jour, un jeune disciple implora Bodhidharma :
« Mon esprit n’est pas encore pacifié…
Maître, je vous en prie, pacifiez-le »
« Amène-moi donc ton esprit, et je le pacifierai » répondit Bodhidharma.
« Mais je cherche l’esprit, et ne peux le trouver » déplora le jeune moine.
« Alors le voilà pacifié !»

30 ans

Un disciple ambitieux arriva dans un temple et demanda :
« je veux me joindre à la communauté et travailler pour obtenir l’éveil. Combien de temps cela prendra-t-il ? »
« Dix ans » répondit le Maître.
« Bien ! et si je travaille dur et redouble d’efforts ? »
« vingt ans »
« Eh ! une minute. Ce n’est pas juste ! Pourquoi comptez-vous le double maintenant ? »
« Dans ton cas » lui dit le Maître « j’ai bien peur qu’il ne faille trente ans »

Les bambous

Un fervent disciple demande à son Maître la vérité de l’illumination. Le Maître, indiquant deux proches bosquets de bambous, demande : « Vois-tu ces bambous sur la gauche, comme ils sont grands ? Et regarde ces bambous à droite, comme ils sont petits. C’est leur nature » A ces mots, le disciple s’éveille.

Les feuilles

Un brahmine très curieux de nature venait souvent poser une foule de questions au Bouddha ; du genre « l’univers est-il infini ? a-t-il eu un début ? pourquoi le fleurs ont-elles différentes couleurs ? »etc. Parfois le Bouddha lui répondait, et parfois il restait silencieux. Un jour, alors que le brahmine insistait à nouveau, le Bouddha prit une poignée de feuilles dans ses mains et lui demanda : « Où y a-t-il davantage de feuilles, dans la forêt ou dans mes mains ? » Le brahmine n’eut guère de peine à répondre : « Dans la forêt, bien sûr » Le Bouddha lui dit alors que, comme les feuilles de la forêt, les sujets de connaissance étaient innombrables, mais que seule une poignée d’entre eux étaient indispensables pour atteindre l’Eveil.

La toile de la vie

Nous le savons : la Terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la Terre.
Nous le savons : Toutes choses sont liées. Tout ce qui arrive à la Terre arrive aux fils de la Terre.
L’homme n’a pas tissé la toile de la vie. Il n’est qu’un fil de tissu. Tout ce qu’il fait à la toile, il le fait à lui-même.

La sculpture de la douceur

Un voyageur traverse une contrée et écoute la musique de l’eau. Soudain, au pied d’une cascade, une grotte attire son attention. Il observe soigneusement la pierre polie par le temps et les belles formes que la nature a patiemment créées. Puis il découvre, inscrits sur une plaque des vers :
Ce n’est pas le marteau qui a rendu ces pierres si parfaites, mais l’eau, avec sa douceur, sa danse et sa chanson.
Là où la dureté ne fait que détruire, la douceur parvient à sculpter.

Les tourbillons

Nous sommes un peu comme des tourbillons dans la rivière de la vie. En s’écoulant, une rivière o un ruisseau peut heurter de rochers, des branches ou des irrégularités de son lit, provoquant l’apparition spontanée de tourbillons ici et là. L’eau happée dans un tourbillon le traverse rapidement puis rejoint la rivière, finit par être aspirée par un autre tourbillon et poursuit son cours. Bien qu’elle semble brièvement perceptible comme un événement distinct, l’eau du tourbillon, l’eau du tourbillon n’est que la rivière même. La stabilité d’un tourbillon n’est que temporaire… Pourtant, nous voulons penser que le petit tourbillon que nous sommes ne fait pas partie du ruisseau. Nous voulons nous voir comme permanents et stables. Nous consacrons toute notre énergie à tenter de protéger notre existence séparée. Pour ce faire, nous érigeons des frontières artificielles, fixes, et nous accumulons un excès de bagages, des choses qui se glissent dans notre tourbillon sans pouvoir s’en échapper. Elles obstruent notre tourbillon, le processus se grippe… Et les tourbillons voisins reçoivent moins d’eau à cause de notre frénésie de rétention…

L’élève dépasse le professeur

Un professeur déjeune à la cantine quand un étudiant vient s'asseoir en face de lui. Le professeur lui dit avec un sourire narquois, pour le taquiner : « Les oiseaux et les cochons ne déjeunent pas ensemble !» - « Oh ! excusez-moi, alors je m'envole» lui répond l'étudiant.
Honteux de s'être fait avoir si bêtement, le professeur décide de le coller lors du contrôle de la semaine suivante, mais l'étudiant répond parfaitement à toutes les questions. Alors le professeur lui pose un petit problème : " Tu es dans la rue et tu trouves deux sacs, l'un contient des billets de banque et l'autre de l'intelligence, lequel choisis-tu ? "
- "Le sac rempli de billets" répond l'étudiant.
- "Moi, à ta place, j'aurais choisi l'intelligence ! "
- "Les gens prennent toujours ce qu'ils n'ont pas" lui répond l'étudiant !
Le professeur ravale sa rage, mais il prend la copie de l'étudiant et inscrit dans la marge : "CRETIN".
L'étudiant reprend sa copie, va s'asseoir et au bout de quelques minutes revient.
"Monsieur" lui dit-il "vous avez signé mais vous avez oublié de me mettre une note ! "

Le jour se lève

Un maître demande à ses disciples : « Comment reconnaître le moment où la nuit s’achève et le jour se lève ?
-lorsque l’on peut distinguer un chien d’un loup, répond un disciple.
-Ce n’est pas la réponse, dit le maître.
-Quand on peut différencier un figuier d’un olivier, suggère un autre.
-Ce n’est pas non plus la réponse, dit le maître.
-Alors comment ? demandent en chœur les disciples.
-Quand, voyant un inconnu, nous reconnaissons en lui un frère, alors le jour se lève et la nuit prend fin. »

Le moment présent

Le grand maître zen Rinzaï avait souvent l’habitude de lever le doigt et de poser lentement la question suivante à ses élèves pour les obliger à se détourner de l’attention qu’ils accordaient au temps : » En ce moment, que manque-t-il ? » c’est une question puissante, qui exige une réponse ne provenant pas du mental. Elle est conçue pour ramener votre attention profondément dans le présent.

Le test de Socrate

Dans la Grèce antique, Socrate était loué pour sa sagesse.
Un jour, une de ses connaissances vint le voir tout excitée et lui dit :
- "Socrate, sais-tu ce que je viens d'apprendre à propos de Diogène ?"
- "Un instant," répondit Socrate, "avant de me raconter ça, tu dois passer un petit test. Je l'appelle le test à trois filtres, voyons ce que tu as à me dire. Le premier test est celui de la vérité : Es-tu absolument sûr que ce que tu vas me dire est la vérité ?"
- "Non, en fait, j'en ai entendu parler".
- "Bien" dit Socrate, "tu ne sais donc pas si c'est vrai ou faux, passons au second filtre. le filtre de la bonté, est-ce que ce que tu vas me dire au sujet de Diogène est quelque chose de bon ?"
- "Non; au contraire".
- "Ainsi" continua Socrate, "tu t'apprêtes à me dire au sujet de Diogène quelque chose qui pourrait être mauvais alors que tu ne sais même pas si c'est vrai".
L'homme se sentit un peu embarrassé.
Socrate continua :
- "Tu peux quand même passer le test car il y a un troisième filtre, celui de l'utilité, est-ce que ce que tu vas me dire au sujet de Diogène peut m'être utile ?"
- "Utile ? non, pas vraiment".
- "Bien" conclut Socrate, "si ce que tu veux me dire n'est ni vrai, ni bon, ni même vraiment utile..., pourquoi me le dire ?"
L'homme se trouva honteux et resta sans voix.
Voilà qui illustre bien pourquoi Socrate fut un grand philosophe et tenu en telle estime.

Le masque

Un docteur fit un jour remarquer à une de ses patientes qui s’efforçait de ne rien ressentir : « Vous avez un masque » La femme rétorqua : « Mais, docteur, vous aussi, vous avez un masque ! » Il répliqua : « Oui, c’est vrai. Mais le masque, lui, ne m’a pas ! »

La lumière aveuglante

Le disciple s’approcha de son maître :
« Pendant des années, j’ai cherché l’illumination et je sens que je suis sur le point de la rencontrer. Je veux savoir quelle est la prochaine étape »
- Comment subvenez-vous à vos besoins ? demanda le maître.
- Je n’ai pas encore appris à subvenir à mes besoins, mon père et ma mère m’entretiennent. Mais ce n’est là qu’un détail.
- La prochaine étape consiste à regarder le soleil pendant une demi-minute » répondit le maître.
- Le disciple obéit.
- Le maître lui demanda alors de décrire le champ qui les entourait.
« Je ne le vois pas, l’éclat du soleil a troublé ma vision.
- Un homme qui ne cherche que la lumière et se dérobe à ses responsabilités ne rencontrera jamais l’illumination. Un homme qui garde les yeux fixés sur le soleil finit par devenir aveugle », explique le maître.

Le seau et la lune

Un soir, à la tombée de la nuit, Chinoyo était partie chercher de l’eau au puits du monastère. Elle se pencha sur la margelle et découvrit le reflet de la lune qui se mirait dans le miroir liquide. Elle y plongea son vieux seau de bambou rafistolé, et quand elle le retire, elle vit avec ravissement que l’astre nocturne se reflétait maintenant dedans. Elle s’amusait à penser qu’elle avait capturé la lune et qu’elle l’emportait avec elle. Elle marcha précautionneusement de façon à pouvoir continuer de la contempler dans son récipient. Soudain, le fond du vieux seau céda, l’eau coula et le reflet de la lune disparut.
En un éclair, elle comprit la vanité de son mental qui tente constamment d’emprisonner la réalité alors qu’il ne peut en capter que des reflets déformés. Aussitôt la sublime lumière de l’Eveil l’inonda.

La lune

Pendant quarante-neuf ans de son enseignement, Bouddha n’a pas prêché une parole unique.
En effet, la parole est comme le doigt avec lequel on indique où se trouve la Lune; mais si nous voulons voir la Lune, il ne faut pas regarder le doigt.

Planètes

C’est l’histoire de deux planètes qui discutent. L’une dit à l’autre : « Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, je ne me sens pas très bien, j’ai tout le temps chaud, on me tape dessus, on me rentre dedans, on creuse partout… » alors l’autre, imperturbable, lui répond : « oh, c’est rien, ne t’en fais pas. C’est juste l’espèce humaine, j’ai connu ça, ça passera ! …»

La flamme

L’enfant vint à l’homme, portant une torche allumée.
Il lui demanda d’où vient la lumière.
L’homme souffla sur la flamme et l’éteignit, puis il répondit :
« Dis-moi maintenant où elle est partie et je te dirai d’où elle vient »

L’écho

Un homme se promenait lorsqu’il rencontra un vieux berger. Il lui proposa de partager son repas, puis il resta un long moment en sa compagnie, et ils parlèrent de la vie.
L’homme affirmait que celui qui croyait en Dieu devait reconnaître qu’il n’était pas libre, puisque Dieu gouvernait chacun de ses pas.
Alors, le berger l’entraîna jusqu’à un défilé où l’on entendait très nettement les sons que renvoyait l’écho.
« La vie, ce sont ces parois, et le destin est le cri que pousse chacun de nous, expliqua le berger. Tout ce que nous faisons est porté jusqu’à son Cœur, et nous sera rendu de la même manière ». » Dieu agit comme l’écho de nos actes ».

Le peuple du rêve

Auparavant, Une tribu primitive organisait sa vie autour de ses rêves.
Ainsi, tous les matins, autour du feu, chacun ne parlait que de ses rêves de la nuit. Si un individu avait en rêve nui à quelqu’un, il devait offrir un cadeau à la personne lésée. S’il avait en rêve été frappé par un membre de l’assistance, l’agresseur devait s’excuser et lui offrir un présent pour se faire pardonner. Chez ce peuple, le monde onirique était plus riche d’enseignements que la vie « réelle ». Si un enfant disait avoir rencontré un tigre et s’être enfui, on l’obligeait à rêver à nouveau du félin la nuit suivante, à se battre avec lui et à le tuer. Les anciens lui expliquaient comment s’y prendre.
Dans le système des valeurs du groupe, si on rêvait de relations sexuelles, il fallait aller jusqu’à l’orgasme et remercier ensuite par un cadeau l’amante ou l’amant désiré.
Face aux adversaires hostiles des cauchemars, il fallait vaincre puis réclamer un cadeau à l’ennemi afin de s’en faire un ami.
Le rêve le plus convoité était celui de l’envol. Toute la communauté félicitait l’auteur d’un rêve plané. Pour un enfant, annoncer un premier essor était un baptême.
Cette société ignorait la violence et les maladies mentales. C’était une société sans stress et sans ambition de conquête guerrière.
Cette tribu disparut quand la partie de la forêt où elle vivait fut livrée au défrichement.

Le retard des âmes

Un explorateur promit une prime à ses porteurs indigènes s’ils acceptaient d’accélérer l’allure. Pendant plusieurs jours, les porteurs pressèrent le pas.
Un après-midi, pourtant, ils refusèrent de continuer. Lorsque l’explorateur leur demanda la raison de ce comportement, voici la réponse qu’il obtint :
« Nous avons marché si vite que nous ne savons plus ce que nous faisons. Maintenant, nous devons attendre que nos âmes nous rejoignent ».

Les marionnettes

Marionnettes, chiffons et bois,
Vous ressemblez aux vrais vivants.
On vous manie avec les doigts,
Vous faites trois tours
Pour passer le temps.
Mais lorsque la main du montreur
Vous rejette dans la coulisse,
L’illusion s’efface et meurt.
Marionnettes sont les hommes
Et nous rêvons que nous sommes !

La Petite Ame

« Petite Ame, tu peux choisir d’être une partie de l’Unité, si tu veux. De quel aspect de la divinité veux-tu maintenant faire l’expérience ?»
« D’accord, poursuit la Petite Ame, je choisi alors le « pardon », je veux faire l’expérience de moi-même en tant que cet aspect de Dieu appelé « pardon » complet »
« Sais-tu, Petit Ame, qu’il n’y a personne à qui pardonner. Tout ce que j’ai créé est Perfection et Amour » « Personne à qui pardonner ? » demanda la Petite Ame, quelque peu incrédule.
« Personne. Regarde autour de toi. Vois-tu des âmes moins parfaites, moins merveilleuses que toi ? » Là-dessus, la Petite Ame se retourne et fut surprise de se voir entourée de toutes les Ames du ciel non moins parfaites.
« Je n’en vois aucune qui soit moins parfaite que moi ! s’exclama la Petite Ame. A qui, alors, devrai-je pardonner ? »
A ce moment même, une autre âme se détacha de la foule ; « Tu peux me pardonner », dit cette Ame sympathique.
« D’avoir fait quoi ? » demanda la Petite Ame.
« Je viendrai dans ta prochaine vie physique et ferai quelque chose que tu auras à me pardonner », répondit l’Ame sympathique.
« Mais quoi ? Qu’est-ce qu’un être d’une Lumière si parfaite comme toi pourrait faire pour que je veuille lui pardonner ? » voulut demander la Petite Ame.
« C’est simple, expliqua l’Ame sympathique, je le ferais parce que je t’aime. Tu veux faire l’expérience de toi-même en tant que pardon, n’est-ce pas ? Et puis, tu as fait la même chose pour moi »
« Vraiment ? » demanda la Petite Ame.
« Nous l’avons fait selon un accord pour que chacun de nous puisse faire l’expérience de soi en tant que la partie la plus grandiose de l’Unité. Mais je ne demande qu’une chose en retour » déclara l’Ame sympathique. « N’importe quoi ! n’importe quoi ! s’écria la Petite Ame. A présent elle était excitée à l’idée de savoir qu’elle pouvait faire l’expérience de chaque aspect divin de l’Unité. Elle comprenait le plan.
« A l’instant où je te frappe et te châtie où je te fais le pire que tu puisses imaginer, à ce même instant… rappelle-toi qui je suis vraiment. »
« Oh ! je n’oublierai pas, promit la Petite Ame. Je te verrai dans la perfection dans laquelle je te tiens maintenant et me rappellerai qui tu es, toujours »

Dieu existe-t-il ?

Un matin, le Bouddha était assis, entouré de ses disciples, lorsqu’un homme vont les trouver.
« Dieu existe-t-il ? » demanda-t-il.
- Il existe », assura le Bouddha.
Après le déjeuner, un autre homme s’approcha :
- « Dieu existe-t-il ?
- Non, il n’existe pas » affirma le Bouddha.
Plus tard dans la journée, un troisième homme posa la même question :
- « Dieu existe-t-il ?
- C’est à vous de décider, déclara le Bouddha.
- Maître, c’est absurde ! s’écria l’un des disciples. Comment pouvez-vous à la même question donner des réponses différentes ?
- Parce que ce sont des personnes différentes, répliqua l’illuminé, et chacune s’approchera de Dieu à sa manière : à travers la certitude, la négation ou le doute. »

L’intelligence du coeur

Il n’avance à rien de demander des explications sur Dieu ; vous pouvez entendre de très belles paroles, au fond ce sont des mots vides. De même, vous pouvez lire une encyclopédie entière sur l’amour et ne pas savoir ce qu’est aimer.
Le maître dit :
« Personne ne réussira à prouver que Dieu existe, ni qu’il n’existe pas. Certaines choses dans la vie doivent être vécues, et jamais expliquées.
« l’amour en fait partie.
« Dieu n’entrera jamais dans votre tête. La porte par laquelle il passe est votre cœur »

La vastitude

Un disciple demande à son Maître :
« Donne-moi une image de la vastitude de l’espace »
Le Maître salue son disciple et lui fait cette réponse sublime « Mes deux mains jointes en une »
L’immensité de l’espace se retrouve dans ce simple geste qui rassemble tous les contraires, la gauche et la droite, le jour et la nuit, le soleil et la lune, l’inspir et l’expir, le masculin et le féminin en nous, l’avoir et l’être, la colère et la sérénité, le vide et le plein, l’esprit et la matière, la vie et la mort…

L’étranger

Le conteur saharien accueille le profond silence et la paix qui vient clore l’histoire. Il dit ce qu’il faut, pas trop, car c’est celui qui écoute qui doit puiser son eau. Le conteur invente des mots épicés pour approcher l’indicible, peint des images grandioses, dévoile les savoureuses traces écrites au cœur de l’inconfort. Il trouve un ordre au chaos, huile les vertus nomades, débusque la beauté. Il fend et casse la coquille des mots pour qu’ils s’évaporent et reviennent sur les chemins de l’errance. Après ; le silence. Il aime cet instant où il part, laissant derrière lui des camps apaisés. Il a accompli son art et réveillé l’histoire du « passager de l’inconnu ».
Au plus loin que porte le regard, le désert immense est imprévisible, le garant de ces événements stimulants qui vous poussent à aller de l’avant.
Un jour, un étranger, noble, digne dans son grand habit noir, arriva dans une oasis et se dirigea d’un pas assuré vers la grande tente du chef.
« La paix soit sur toi et ta tribu. Si tu me permets de demeurer un temps parmi vous, je mettrai à profit ces quelques heures pour partager mon expérience».
« La paix soit avec toi, homme du Grand Sud. Ma tente est la tienne pour le temps où tu es notre invité. Viens te restaurer ».
La noblesse du voyageur, la haute estime témoignée par le chef firent le tour des tentes nomades et quand l’étranger se promena dans le camp, il était chez lui.
Il échangea des paroles avec les autres membres de la tribu, bifurqua vers une tente où une femme secouait une outre de lait pour la baratter. Sans un mot, notre « passager » fit voler l’outre de peau, envoyer au loin le trépied. Le sable but avidement le lait. La femme était consternée. L’événement la sidéra. L’homme était l’hôte du chef, on ne dit rien qui fâche à son hôte : elle se tut.
L’étranger ne prêta pas attention à l’émotion de la femme. Il continua sa visite. Il croisa des jeunes filles qui revenaient du puits. Il leva la main pour les arrêter, renversa leurs jarres et leurs récipients, les cassa du pied. L’une était terrorisée, l’autre choquée.
L’homme était l’hôte du chef, on ne dit rien qui fâche à son hôte : elles se turent.
Un peu plus loin, un nomade se préparait pour aller au ravitaillement de pains de sucre, il vérifiait la selle de son chameau. L’étranger s’avança, sortit son sabre de son fourreau de cuir et égorgea sa bête. Le nomade éberlué, les yeux brouillés de larmes, ne comprenait rien.
L’homme était l’hôte du chef, on ne dit rien qui fâche à son hôte : il baissa la tête. Quand sa visite du camp fut terminée, l’étranger monta le méhari et s’apprêta à prendre congé. Toutefois, avant de lancer sa monture vers les dunes, il parla haut et fort.
« Nous sommes abasourdis devant les bouleversements de l’existence. Nous voilà saisis comme des poivrons frits, désespérés, interloqués, hagards. Nous crions et nous pleurons parce que nous ne voyons qu’une petite parcelle de réalité. Je suis venu à vous, j’ai dit que j’étais un homme qui voulait partager son expérience, qu’en échange de votre hospitalité je mettrais à profit cette expérience pour vous venir en aide. Et voilà que je renverse votre lait, que je casse vos cruches et que j’égorge un de vos chameaux. Est-ce l’œuvre d’un fou ou celle d’un sage ? j’ai fait ce que j’ai dit, j’ai tenu ma parole : en échange de votre hospitalité, je vous viens en aide.
La chamelle qui a fait le lait avait mangé des herbes empoisonnées, j’ai sauvé cette femme et ses enfants. Le puits où vos filles sont allées remplir leurs cruches est la tombe d’un cadavre d’âne pourrissant. Quelques gorgées et dix d’entre vous seraient morts ! ce chameau n’était plus que l’ombre de lui-même. Il n’avait plus aucun sens de l’orientation. Un homme serait mort bêtement de faim, de soif et d’épuisement. La vie nous envoie ainsi des étrangers, mais nous somme abasourdis devant les bouleversements de l’existence. Nous sommes tristes ou furieux, mais nous demeurons enfermés dans les villes prisons de nos certitudes alors que nous nous croyons nomades ! il faut pourtant bien un jour se hisser sur la pointe des pieds vers le ciel étoilé pour comprendre enfin le pourquoi, le sens des choses. Soyez sans rancune, écrivez si vous voulez dans le sable les événements douloureux que vous avez subis mais gravez dans le marbre les encouragements du destin.
Ainsi ce que vous perdez est peut-être un don »
Le passager de l’inconnu s’en alla sur ces paroles dans les vapeurs ocre du Grand Sud. Maintenant, le conteur saharien est content d’accueillir le profond silence, la paix qui vient clore son histoire.

Les prisonniers

Deux anciens prisonniers de guerre se rencontrent lorsque l’un d’entre eux demanda : « as-tu pardonné à tes geôliers ? », l’autre répondit : « Non, jamais ! » alors le premier regarda avec bonté son ami et lui dit : « Bien ! Alors ils te retiennent toujours prisonnier, n’est-ce pas ? »

Le mendiant

Le calife vient de mourir. Alors que le trône est vide, un misérable mendiant vient s’asseoir dessus. Le grand vizir demande aux gardes de se saisir de ce loqueteux qui vient de commettre un tel sacrilège, mais ce dernier répond :
- Je suis au-dessus du calife.
- Comment peux-tu dire une chose pareille ! s’exclame le grand vizir, stupéfait. Au-dessus du calife il n’y a que le Prophète.
- Je suis au-dessus du prophète, poursuit le mendiant sans se départir de son flegme.
- Quoi ! qu’oses-tu dire, misérable !au-dessus du Prophète, il n’ya que Dieu !
- Je suis au-dessus de Dieu.
- Blasphème ! hurle le grand vizir au bord de la crise d’apoplexie. Gardes ! Etripez ce fou sur-le-champ.
Au-dessus de Dieu, il n’y a rien !
- Justement, je ne suis rien.

Le premier pas

Nous étions tous réunis en rond. Le Maître nous a demandé de faire un pas en avant.
Après quelques secondes, il nous a alors dit : « Et maintenant, essayez de ne pas avoir fait ce pas ».

Empreintes

L’homme était mort, raide, lavé, enveloppé de linges blancs. Son esprit dérivait dans l’entre-deux étrange qui suit le sombre plongeon. Il venait de quitter une vie, une histoire, un monde. Tandis qu’il s’engouffrait dans la spirale lumineuse qui se matérialisait au fur et à mesure devant lui, son aventure humaine lui revint à l’esprit. Il la vit semblable à des pas s’imprimant sur le sable, légers quand la vie était simple ou pétillante de joie, lourds et profonds les jours de détresse. Le Seigneur l’avait accompagné partout. Il vit sa trace à côté de la sienne. Il sourit. Puis contemplant encore son chemin, il s’aperçut que la double trace d’empreintes n’était pas constante. Dieu avait traversé avec lui ses bonheurs, mais les jours de malheur, lui, l’humain, le pauvre homme, avait dû cheminer sans compagnie aucune. Son âme à l’agonie interpella Dieu :
« Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ? Vois comme j’étais mal, comme j’étais seul ! » Dieu, toujours près de lui, répondit :
« Regarde mieux la forme des pas : quand tu étais joyeux j’étais près de toi, mais quand tu souffrais, que tu t’épuisais à affronter les difficultés du monde et ne tenais plus debout seul, je te portais ! ».

Le père et son fils

Un homme très riche et un homme très pauvre avaient chacun un fils. L’homme très riche monta avec sn fils en haut d’une colline, lui montra d’un geste le paysage autour d’eux et lui dit : « Regarde. Un jour, tout cela sera à toi ».
Le fils ressentit sur le moment un grand plaisir, mais en redescendant de la colline, son bonheur fut troublé par la crainte que son père change d’avis, ou bien qu’il ne vive pas assez longtemps pour obtenir ce gain.
L’homme très pauvre monta également avec son fils au sommet de la même colline, lui montra le paysage et lui dit simplement : « regarde ».
Le fils resta là et contempla la beauté du monde, le cœur empli de joie.

Le ballon

Un petit garçon noir regarde un marchand de ballons dans la rue.
Ses yeux brillent. Il y a des ballons de toutes les couleurs, rouges, bleus, blancs, noirs, jaunes... Le vieux monsieur qui vend les ballons voit le garçon qui hésite, puis prend son courage à deux mains et s'approche de lui.
"Dis Monsieur, est-ce que les ballons noirs volent aussi haut que les autres ?"
Le vieux Monsieur a presque la larme à l'oeil. Il prend le garçon dans les bras, l'installe sur un muret et lui dit :
"Regarde"
Il lâche tous ses ballons qui s'envolent en grappe et montent, montent, montent dans le ciel jusqu'à disparaître tous tellement ils sont hauts.
"Tu as vu ?"
"Oui"
"Est-ce que les ballons noirs sont montés aussi haut que les autres ?"
"Oui Monsieur"
"Tu vois, mon garçon, les ballons, c'est comme les hommes. L'important ce n'est pas leur couleur, ce n'est pas l'extérieur. Non, l'important, c'est ce qu’il y a en eux. C'est ce qu'il y a en toi qui fera toute la différence dans ta vie."

Le secret du bonheur

Un enfant demande à son père le secret du bonheur. Alors le père dit à son fils de le suivre ; ils sortent de la maison, le père sur leur vieil âne, le fils à pied. Et les gens du village de s’indigner : « Quel mauvais père qui oblige son fils à aller à pied !
-Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison. »
Le lendemain, le père installe son fils sur l’âne tandis que lui marche à côté. Les gens du village lancent alors : « Quel fils indigne, qui ne respecte pas son vieux père et le laisse aller à pied ! -Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison. »
Le jour suivant, ils montent tous les deux sur l’âne. Les villageois de dire : « Ils n’ont donc aucun cœur pour surcharger ainsi cette pauvre bête !
-Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison. »
Le jour suivant, ils partent en portant eux-mêmes leurs affaires, l’âne marchant derrière eux. Les gens du village commentent de plus belle : « Voilà qu’ils portent eux-mêmes leurs bagages maintenant ! C’est le monde à l’envers !
-Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison. »
Arrivés à la maison, le père dit à son fils : « Tu me demandais le secret du bonheur ? Peu importe ce que tu fais, il y aura toujours quelqu’un pour y trouver à redire.
Fais ce que tu aimes ou ce que tu penses juste de faire, et tu seras heureux ! »

Le petit garçon

C’est un petit garçon que sa mère sermonne sur l’égoïsme. « Tu sais, mon chéri, souligne-t-elle, que nous sommes dans ce monde pour aider les autres »
Le petit garçon réfléchit quelques secondes, puis demande avec un grand sérieux : « Eh bien alors, pourquoi les autres sont-ils là ? »

L’institutrice et la pomme

Une institutrice tend une pomme aux enfants en demandant :
« quelle est cette couleur, les enfants ? »
Beaucoup d’élèves répondent rouge, certains jaune, d’autres vert, mais un petit garçon s’exclame :
« blanc ! » « blanc ? » reprend l’institutrice. « pourquoi blanc ? tu vois bien qu’elle n’est pas blanche »
Sur ce, le garçon se dirige vers le bureau, mord dans la pomme et la montre à la classe.

Le pauvre

Un homme dit un jour à un pauvre qui passait :
« Personne ne te connaît dans cette ville »
Le pauvre répondit :
« Qu’est-ce que cela peut bien faire que les gens ne me connaissent pas ? il suffit de me connaître moi-même »

L’homme d’affaires

Un jour, un homme d’affaires pêchait dans un lac lorsqu’il attrapa un poisson d’une espèce qu’il n’avait jamais vue auparavant. Il avait des écailles d’or et des nageoires d’argent qui brillaient et étincelaient tandis qu’il frétillait au fond du bâteau. Soudain le poisson fit sursauter l’homme d’affaires en lui parlant : « Bon Monsieur » implora le poisson, « rejette-moi dans le lac, et je t’accorderai trois vœux. »
L’homme écouta attentivement et dit :
« propose-m’en cinq, et l’affaire est conclue. »
« Je ne puis en accorder que trois » haleta le poisson
« Quatre et demi » proposa l’homme
« Trois » soupira le poisson, de façon à peine audible.
« D’accord, d’accord » dit l’home, faisant un compromis pour quatre vœux.
« Qu’en dis-tu ? »
Mais cette fois le poisson ne répondit pas. Il gisait mort au fond du bateau.

Le pêcheur mexicain

Un jour, un pêcheur se reposait tranquillement sur une plage magnifique avec sa canne à pêche dans le sable et sa ligne solitaire dans une eau bleue magnifique. Il se prélassait dans la chaleur de l’après-midi et attendait d’attraper un poisson.
A ce moment-là, un homme d’affaires vint sur la plage, essayant de décompresser de sa journée de travail stressante. Il remarqua alors le pêcheur assis sur la plage et décida de trouver pourquoi ce dernier pêchait au lieu d’aller travailler pour lui et sa famille.
« Vous n’allez pas attraper beaucoup de poissons de cette manière, dit l’homme d’affaires au pêcheur, vous devriez travailler au lieu de vous reposer sur la plage. »
Le pêcheur regarda l’homme d’affaires, sourit et lui répondit : « Et qu’est-ce que j’y gagnerais ? » « Eh bien, vous pouvez utiliser de plus grands filets et attraper plus de poissons ! » répliqua l’homme d’affaires. « Et qu’est-ce que j’y gagnerais ? » répondit le pêcheur toujours souriant. L’homme d’affaires répondit : « vous feriez beaucoup d’argent et vous seriez en mesure d’acheter un bateau, ce dont résulteraient de plus grosses prises de poissons. »
« Et qu’est-ce que j’y gagnerais ? » répondit le pêcheur à nouveau.
L’homme d’affaires commença à être de plus en plus irrité par la question du pêcheur.
« Vous pouvez acheter un bateau encore plus gros, embaucher des gens qui travaillement piur vous », dit-il. « Et qu’est-ce que j’y gagnerais ? » répéta le pêcheur.
L’homme d’affaires se mit en colère : « Ne comprenez-vous pas ? vous pouvez agrandir votre flotte de bateaux de pêche, parcourir le monde entier et laisser vos employés attaraper du poisson pour vous ! »
Encore une fois, le pêcheur demanda : « Et qu’est-ce que j’y gagnerais ? »
L’homme d’affaires devint fou de rage et cria sur le pêcheur : »Ne comprenez-vous pas que vous seriez si riche que vous n’auriez plus à travailler de votre vie ! Vous pourriez alors passer le reste de votre vie assis sur la plage à regarder le coucher de soleil. Vous n’auriez plus à vous préoccuper du monde ! » Le pêcheur toujours souriant, le fixa, acquiesça et dit : « Et à votre avis, que suis-je en train de faire maintenant ? » Il regarda alors le coucher du soleil, avec sa ligne dans l’eau, sans se préoccuper du monde.

Pourquoi s’inquiéter ?

Si le problème est tel qu’il existe une solution, alors il est inutile de s’en inquiéter. En ce cas, il convient de se focaliser sur la recherche de cette solution.
Si, en revanche, il n’existe aucune solution possible, il est inutile également de s’inquiéter car on ne peut de toute façon rien y faire.

Tout et rien

Vous vivez dans l’illusion et l’apparence des choses.
Il y a une Réalité, vous êtes cette Réalité.
Quand vous reconnaîtrez ceci, vous prendrez conscience que vous n’êtes rien,
Et qu’en étant rien, vous êtes tout. Voilà.

Les étiquettes

Nous passons beaucoup de temps à regarder, à travers des verres, des télescopes, des tubes cathodiques…Nous perfectionnons chaque jour notre regard, mais nous voyons de moins en moins. Il n’a jamais été aussi urgent de parler de voir… nous sommes des observateurs, des spectateurs… des « sujets » qui regardons des « objets ». Nous collons rapidement des étiquettes à tout ce qui est. Des étiquettes collées une fois pour toutes, par lesquelles nous reconnaissons tout mais ne voyons rien.

Le regard du voyage

Le vrai voyage ce n’est pas de chercher de nouveaux paysages mais un nouveau regard.
La foi
« Existe-t-il quelque chose de plus important que la prière ? » demanda le disciple à son maître.
Le maître lui indiqua un arbuste tout près de là et lui suggère d’en couper une branche. L’autre obéit.
« L’arbre est-il toujours vivant ? interrogea le maître.
- Aussi vivant qu’avant, assura le disciple
- Alors, retournez près de l’arbuste et coupez la racine.
- Mais si je fais cela, l’arbre va mourir.
- Les prières sont les branches de l’arbre, et sa racine s’appelle la foi, répliqua le maître. La foi peut exister sans la prière, mais la prière ne peut exister sans la foi. »

Le vinaigre

Il était une fois la rencontre de Lao Tseu, Confucius et Bouddha où chacun trempa le doigt dans une jarre remplit de vinaigre et y goûta.
A l’appréciation des deux premiers sages, Bouddha répondit que ce vinaigre était neutre.
Il faisait allusion à la vie perçue par ses dualités, ses complémentarités.
Ainsi, Il doit y avoir un équilibre de la vie et le devoir est de rester neutre.

Le groupe

Une pièce vide et cinq chimpanzés. Au milieu de la pièce, une échelle, et une banane placée à son sommet. Dès qu’un premier singe a repéré la banane, il grimpe à l’échelle pour l’attraper et la manger. Mais sitôt qu’il s’approche du fruit, un jet d’eau glacé s’abat sur lui et le fait chuter. Les autres singes tentent eux aussi de gravir les échelons. Tous se font asperger et finissent par renoncer à s’emparer de la banane. On coupe le jet d’eau glacé et on remplace un singe trempé par un autre, tout sec. A peine est-il entré, les anciens s’efforcent de le dissuader de grimper pour lui éviter la douche froide. Le nouveau venu ne comprend pas. Il ne voit qu’un groupe de congénères l’empêcher de prendre une gourmandise. Il essaie donc de passer en force et se bat contre ceux qui veulent le retenir. Mais à un contre quatre, il se fait rouer de coups. Un autre singe trempé est remplacé par un nouveau singe sec. A peine est-il entré que son prédécesseur qui a cru comprendre que c’était ainsi qu’il convenait d’accueillir les nouveaux venus, se jette sur lui et le rosse. Le nouveau venu n’a pas eu le temps de repérer l’échelle et la banane qu’il est déjà hors jeu. Les troisième, quatrième et cinquième singes mouillés sont à leur tour remplacés par autant de singes secs. Chaque fois, les nouveaux chimpanzés sont roués de coups dès leur entrée.
Au final, il y a toujours une banane au sommet de l’échelle, mais les cinq singes secs sont tous sonnés et ne songent même pas à s’en approcher. Leur seul souci est de guetter la porte par où apparaîtra un nouveau « con »génère afin de le démolir au plus vite.
Cette expérience a été menée dans le but d’étudier les comportements de groupe dans une entreprise.

Source bibliographique :

DALAI LAMA -FAULIOT Pascal-HAMPATE BA Amadou-PIQUEMAL Michel-DUMESTRE Gérard-FAULIOT Pascal-RANDOM Michel-RHABI Pierre-RUMI Djalâl Al-Dîn-DE SMEDT Marc-KABAT-ZINN Jon-OSHO-JOKOBECK Charlotte-KALOU Rimpoché-FRANCK Frederick-PROUST Marcel-LELOUP jean-Yves-RICARD Mathieu-BELLUT Hervé... et des contes des sages du Tibet, du Japon, d'Afrique... (Ed. Seuil)
Des Paroles du Tao, de l' Egypte ancienne, de la Grèce antique, de la Rome antique, (Albin Michel)...
Et des textes issus de l'Inde, de la Chine antique, des Amériques et des mondes qui demandent à être encore découverts par leurs mythes.